Made in Portugal : est-ce que c’est responsable ?
Mais que se cache derrière le “made in Portugal”, est-ce une garantie de responsabilité de la part d’une marque ? Dans quelle mesure est-il durable de produire des vêtements au Portugal ? On vous propose un décryptage pour y voir plus clair lors de vos futurs achats !
Mais que se cache derrière le “made in Portugal”, est-ce une garantie de responsabilité de la part d’une marque ? Dans quelle mesure est-il durable de produire des vêtements au Portugal ? On vous propose un décryptage pour y voir plus clair lors de vos futurs achats !
Depuis quelques années, un certain nombre de nouvelles marques françaises “mode” voient le jour sur Instagram. Elles sont branchées, désirables et surtout elles prônent une approche éco-responsable hyper-séduisante. Leur argument infaillible ? Une production 100% “made in Portugal” qui rassure les consommateurs.
Le Portugal et les vêtements, une histoire d’amour naissante
Le Portugal compte près de 12 000 entreprises dans le secteur du textile et possédait un chiffre d’affaire de 7,3 milliards d’euros en 2016. Impressionnant ? Pourtant le pays reste un petit acteur à côté de ses voisins européens que sont l’Espagne, l’Allemagne et la France.
En parallèle, et pour répondre à une forte demande de transparence de la part des clients, les jeunes créateurs français cherchent à rapprocher leurs lieux de fabrication du lieu de création des vêtements.
Pour les convaincre, l’Etat portugais avance des arguments solides :
- Un savoir-faire en matière de confection
La qualité des unités de production est internationalement reconnue et construite sur un savoir-faire ancien. L’industrie portugaise du textile et de l’habillement représente 5 063 millions d’euros d’exportations, soit 10 % des exportations nationales totales. - Un bon rapport qualité/coût de production
Les produits haut de gamme peuvent y être produits à un coup plus faible qu’en France, notamment en raison des salaires deux fois moins hauts (en moyenne un smicard portugais touche 820 euros brut contre 1 600 euros brut en France). - Une forte sensibilité à l’éthique et aux aspects règlementaires
Le Portugal fait partie intégrante de l’Union Européenne et de la zone euro. Il a donc l’obligation de respecter les standards européens, aussi bien au point de vue de la législation du travail (comme le respect de la santé et de la dignité du travailleur mais également l’accès à des congés payés !) que sur les normes de sécurité et de qualité des produits.
Cerise sur le gâteau, conscients de l’attrait qu’ils suscitent, de nombreux ateliers proposent la confection de vêtements en faible quantité, pour encourager la collaboration avec les jeunes entrepreneurs… C’est la vraie valeur ajoutée du Portugal : il n’y a souvent pas de minimum de commandes (comparé aux mastodontes chinois).
Le “made in Portugal” rassure, mais est-il vraiment responsable ?
Pour analyser les méthodes de production du Portugal, nous nous sommes penché.e.s notre référentiel.
Verdict : 28% des marques référencées confectionnent leurs produits au Portugal. Parmi elles :
- 9% produisent les matières premières sur place (comme le cuir ou le lin),
- 26% y font produire la filature (création du fil qui sert ensuite à confectionner le vêtement),
- 62% réalisent le tissage,
- 50% d’entre elles ennoblissent sur place (c’est-à-dire qu’elles traitent le tissu, pour le teindre par exemple).
- Seules 11 marques (8%) sont impliquées dans toutes étapes de la chaîne de production au Portugal : Lililotte, La Maison Hardrige, Squamate, Mixmélô, SAAJ, Natalys, Cabaïa, Sobo Concept, Circle Sportswear, The Baby Magnet, et PATiNE.
Mais alors, peut-on vraiment allier prix, qualité et éthique ?
Les avantages du “made in Portugal” sont nombreux :
💛 La production limite les dérives d’exploitation des ouvriers, protégés par le droit du travail européen, et limite l’usage de produits chimiques nocifs pour l’environnement et la santé des travailleurs dans le traitement et l’ennoblissement des textiles.
💛 Elle limite l’impact carbone lié aux transports du fait des distances réduites (à titre indicatif : Lisbonne-Paris: 1685 km, Bangladesh-Paris: 9 299 km).
Quelques points d’alertes subsistent :
⚠️ Bien que le Portugal soit un pays à risque très faible (il n’y a par exemple pas de pratique d’esclavage ou de travail forcé, ni de travail des enfants…), il peut exister en Europe des ateliers où le droit du travail n’est toujours pas respecté.
⚠️ Les marques ont le devoir d’effectuer des contrôles et de garantir que leurs fournisseurs respectent les normes de travail, même dans un pays à faible risque comme le Portugal. Cela peut prendre la forme de certifications ou de publication d’audits.
Pourquoi est-ce que ces marques ne se tournent pas vers du “made in France” ?
En ce qui concerne les ateliers de confection textile, de maroquinerie et de chaussures aux techniques communes, les ateliers portugais rivalisent parfaitement avec les ateliers français en termes de qualité, de délai de production et de proximité géographique.
Cependant, avec son savoir-faire en cuir et chaussures, la France reste référente sur les secteurs du luxe et du haut de gamme.
Bien que les coûts de production du Made in France sont aujourd’hui plus élevés, de jeunes entreprises ont aussi l’ambition, une fois la marque lancée, de se développer en France. Parmi les marques qui confectionnent au Portugal, 35% confectionnent aussi en France (tendance que l’on a observé grâce à notre référentiel).
Comment éviter l’effet green-washing du “made in Portugal” ?
👉 Vérifiez jusqu’où les marques remontent dans leur chaîne d’approvisionnement (confection, ennoblissement, tissage-tricotage, filature, matières premières ?). Les matières premières sont responsables d’une grande partie de l’impact des marques sur l’environnement (pollution et consommation d’eau, la production de déchets, le réchauffement climatique et l’utilisation des ressources fossiles) et sur la santé des personnes qui portent les vêtements (les produits chimiques).
👉 Vérifiez quelles matières sont choisies par les marques (”matières upcyclées” c’est le top du top, “matières recyclées” c’est très bien, “matières naturelles” c’est un bon début) :
- Est-ce que les marques communiquent sur l’impact des matières ? (on peut souvent trouver l’info dans l’onglet “à propos” de leur site internet),
- Quel est le nombre et à quelle fréquence sortent les nouvelles collections ? (plus de cinq collections par an est un red flag).
Et pour les prochains achats ?
Si vous avez un doute sur une marque, vous pouvez aussi vérifier son impact sur l’environnement, l’humain, la santé et les animaux sur notre app !