"Les marques ne vous donneront jamais ces informations" : la petite histoire du scan des codes-barres


Aujourd’hui, nous tenions à vous raconter l’histoire du développement de la nouvelle fonctionnalité permettant de scanner les codes-barres des vêtements. Autrefois perçu comme un projet utopiste, presque naïf, Clear Fashion est devenu en 18 mois le réflexe d’information sur les pratiques des marques … Cela prouve à quel point chacun d’entre nous peut par ses actions quotidiennes et son travail faire changer les choses.

“Les marques ne vous donneront jamais accès à ce genre d’informations”

C’est sans nul doute la phrase que nous avons le plus entendue, Marguerite et moi, durant les deux années où nous préparions le lancement de Clear Fashion. À l’époque, nous avions déjà l’ambition d’apporter de l’information aux consommateurs sur chaque vêtement, évaluer les pratiques des marques était la première étape pour y parvenir. Sans contact dans le secteur, mais grâce à une importante communauté de consommateurs qui nous soutenait bien avant même le lancement de l’app (merci ❤️), nous avons réussi à évaluer plus de 300 marques en 1 an et nous avons surtout convaincu la moitié d’entre elles de nous communiquer des informations sur leurs pratiques.

Septembre 2020, nous étions prêts à aller plus loin en apportant de l’information plus précise, par vêtement en scannant simplement les codes-barres.

Et ça, c’est difficile.

C’est difficilecar il a fallu construire une méthodologie d’évaluation indépendante et enrichie qui permettait d’évaluer de la même manière n’importe quel vêtement de n’importe quelle marque selon les mêmes critères.C’est difficile car il faut convaincre des marques de nous partager leurs bases de données produits, considérées comme confidentielles, pour que nous les analysions sur plus de 150 critères alors que “rien” ne les y oblige.C’est difficile car nous devons faire accepter aux marques qu’elles découvriront leurs notes en même temps que vous, consommateurs, et qu’elles ne pourront pas les influencer sauf en modifiant leurs pratiques.C’est difficile car il a fallu faire ça en très peu de temps parce qu’avec un secteur responsable de 10 % de l’impact carbone mondiale et qui profite encore du travail forcé de populations entières, il y a urgence à éclairer les consommateurs sur ce qu’il se cache derrière leurs vêtements.

C’est difficile, mais ce n’est pas impossible

La preuve tient en ce paradoxe : déjà 15 marques jouent le jeu de la transparence en rendant le scan des codes-barres disponibles dans leurs boutiques, alors que seulement 15 marques aujourd’hui le font. Sessùn, Tape à l’Oeil, Passionata, Madame porte la culotte, 1083, SKFK, Chantal Thomass, Asphalte, Picture Organic Clothing, La Gentle Factory, Darjeeling, Femilet, Ifa, Chantelle et Circle Sportswear nous ont communiqué des informations alors qu’aucune réglementation ne les contraignait à le faire. C’est un signal fort envoyé au secteur : retracer sa chaîne de production et communiquer ces informations à ses clients, c’est complexe, mais c’est possible.

Et c’est un pas de géant pour le secteur ! Le travail que réalise l’ADEME au sujet de l’affichage environnemental en montre d’ailleurs la complexité : 8 ans de construction de base de données, de développement de méthodologie et d’expérimentations…

Nous souhaitons démontrer par l’usage de nos outils d’informations tant par les consommateurs que par les marques, qu’il est grand temps que la réglementation évolue .En moins de deux ans, nous avons prouvé que la demande et le pouvoir des consommateurs pouvaient accélérer sans précédent la transition vers une mode plus responsable. Ainsi, apporter de l’information sur l’impact et l’histoire des vêtements, ce n’est pas impossible, mais difficile car cela demande la contribution de chacun.

Et pour cela, il faut faire confiance au libre-arbitre de chaque citoyen

Nous avons pour ambition de faire de l’information la norme du secteur. Nous ne sommes pas là pour dicter au consommateur les entreprises vers lesquelles il devrait se tourner : nous existons pour que chaque personne puisse disposer d’informations objectives, claires et fiables pour lui permettre de faire un choix. On dit souvent que les vêtements reflètent notre personnalité. Chez Clear Fashion, nous aspirons à redonner aux citoyens le pouvoir de choisir des vêtements qui leur ressemblent, de choisir le monde qu’ils souhaitent soutenir en dépensant leur argent !

Aussi, nous faisons appel à la collaboration de tous ! Consommateurs, marques, fournisseurs, experts et fédérations : c’est en regardant dans la même direction que nous pouvons construire ensemble la mode de demain.

Rym Trabelsi

Co-fondatrice Clear Fashion